De ce rallye, pour ne rien vous cacher, j’en rêvais depuis longtemps. A force d’entendre parler des “Winter” lors des diverses rencontres, une évidence s’imposait à moi : je me devais d’y participer au moins une fois dans ma vie. Et quand j’ai appris que l’édition 2016 aurait pour cadre l’Ecosse, cette évidence s’est transformée en certitude : ce serait avec moi…
Je vous passe le temps consacré à étudier la région, son histoire et sa géographie, les moments où mon cerveau s’évadait non pas dans les effluves de whisky mais dans les rêves de piloter ma Morgan sur les routes écossaises bordées de ces petits murets si caractéristiques et autres instants préparatoires que tous, je suis sûr, vous avez partagé avec moi.
Enfin, le grand jour est arrivé. Entouré d’un rond rouge sur mon calendrier, je ne pouvais d’aucune façon rater la date du samedi 10 septembre. Après avoir vérifié une dernière fois tout mon équipement et m’être assuré que je n’avais rien oublié du côté des bagages, c’est forcément avec une certaine émotion que j’ai entendu le moteur de ma Morgan se réveiller pour ce qui s’annonçait être bien davantage qu’une simple ballade, mais plutôt un voyage initiatique.
Comme convenu, nous nous sommes retrouvés en fin de journée à Ijsmuide devant le bateau qui allait m’emmener vivre intensément mes rêves. Tout le monde était là, l’ambiance était amicale, bref l’aventure promettait d’être aussi belle qu’humaine. Ce sentiment fut confirmé dans les heures qui suivirent lorsqu’après avoir dégusté un apéritif émoustillant, nous avons pris un excellent repas dans un salon privatisé pour l’occasion.
La traversée dura 17 heures au total. Mais elle me sembla bien courte. Peut-être était-ce dû à la délicieuse soirée passée entre passionnés ou au confort de la nuit, toujours est-il que la vision du port de New Castle eut pour effet de me ragaillardir.
A peine descendus du bateau, sans attendre, nous avons pris la route pour rejoindre l’Ecosse. Dois-je préciser ici que le fait de rouler à gauche sur des routes pittoresques fut déjà un premier dépaysement ? Et je n’avais pourtant encore rien vu…
Après deux heures de route, une surprise : nous nous faisons arrêtés par des personnages (que nous connaissons bien, car ils font partie du staff) grimés en Ecossais plus vrais que nature. Pour nous remettre de nos “émotions”, ils nous dirigent vers un Farm Truck ayant pour mission de sensibiliser nos papilles gustatives aux saveurs locales.
Nous reprenons ensuite brièvement la route. A peine une heure en fait, le temps nécessaire pour rejoindre Dumfries où nous prenons notre premier déjeuner insulaire. Comme dessert, nous avons eu droit à une épreuve de régularité qui nous a menés jusqu’à la côte ouest, à Turnberry plus précisément.
C’est là que nous avons passé la soirée et la nuit de dimanche à lundi dans un hôtel merveilleux coincé entre un golf et la mer. Pour l’anecdote, cet établissement prestigieux répondant au nom de Trump Turnberry et gratifié de 5 étoiles appartient au nouveau Président des Etats-Unis, comprenez Donald Trump en personne.
Le lundi 12 septembre débuta par un parcours de régularité qui nous a fait remonter jusqu’au Loch Fine. Là, nous avons pris un petit bac pour une courte traversée de 20 minutes. Histoire d’entretenir l’ambiance, Thomas nous attendait aux portes du bac, déguisé en Commandant et flanqué d’un matelot. L’illusion était parfaite et si un jour, par malheur, le garage devait fermer, je n’ai aucun doute quant à la carrière de reconversion en comédien que pourrait embrasser ce coquin de Thomas…
A la sortie du bac, comme de bien entendu serai-je tenté de dire, le Farm Truck nous attendait afin de nous servir une petite collation. Je dis “petite” car il ne s’agissait pas à de s’empiffrer, un déjeuner exceptionnel nous attendant peu après au Oyster Bar situé le long du Loch Fine. J’y ai particulièrement apprécié les huîtres et le saumon fumé qui nous furent servis.
La digestion ne fut pas trop pénible : elle consista en un parcours plus court mais toujours aussi agréable qui nous mena au bord du Loch Lemond. Là, nous prîmes nos quartiers au Cameron House Hotel, un superbe hôtel de caractère au style résolument écossais.
J’étais comme sur un petit nuage. Et le rallye dépassait déjà toutes mes espérances. Pourtant, je n’étais toujours pas arrivé au bout de mes surprises et de mon enchantement. Le mardi 13 septembre allait m’ouvrir de nouveaux horizons dès le départ donné vers Inverness, grâce à un itinéraire épicé de fabuleuses routes au tracé unique et bordées de paysages montagneux dignes des cartes postales, en mieux.
Peu avant Fort William, nous avons fait une halte pour le déjeuner près du Loch Glencoe. Un joli buffet avait été dressé pour l’occasion. De l’après-midi, je retiendrai le parcours constitué de routes désertiques et du chemin étroit longeant le fameux Loch Ness.
Ils ne pouvaient évidemment pas s’en empêcher et notre staff farceur avait imaginé un monstre jaillissant de nulle part, nous obligeant à immobiliser nos véhicules. Ce monstre n’était autre que Nicolas, le mécanicien du garage. A défaut d’avoir eu peur, nous avons bien ri…
De là, nous avons pris un petit sentier qui nous a conduit au bord du Loch Ness où avait été dressé une jolie table avec une dégustation de produits locaux, à savoir whisky, brownies, cakes et café. Un moment magique vécu dans un paysage grandiose, un moment de pur bonheur impossible à décrire par de simples mots. Un moment qui, à lui seul, confirmait toute la justesse de ma décision de participer à cette édition, pour autant qu’elle ait eu à être justifiée…
Retour sur terre ensuite, plus précisément dans le cocon exigu de ma Morgan pour rejoindre Inverness où nous avons logé au Kingsmill Hotel. Nuit salutaire pour aborder la longue journée de mercredi qui nous attendait.
Notre premier rendez-vous était distant d’une poignée de miles (ou kilomètres, si vous préférez) de l’hôtel. En fait, une heure de route. Là, nous avons visité une usine de barriques, ce qui s’appelle une Speyside Factory. Il nous a été donné de voir comment sont démontées et rénovées d’anciennes barriques destinées à être réutilisées. 
Nous avons ensuite fait escale à Glenfiddich, situé non loin de là. Au programme : petite visite guidée de la distillerie suivie d’un déjeuner. Jamais à court d’idée, notre staff avait déguisé deux de ses membres en cerf, symbole de Glenfiddich.
Nous avons repris la route en direction de ce qui constitue la Mecque pour tout golfeur, le Old Course of Saint Andrews qui est des plus anciens (et beaux) parcours de golf dans le monde.
C’est là que nous avons posé nos valises, plus précisément à l’hôtel du Old Course of Saint Andrews, un endroit sublime comme seuls les Anglais et les Ecossais ont le secret. En soirée, nous avons eu droit à un petit spectacle couronné par un discours sympathique de Thomas, entouré pour la circonstance par tout son staff qui avait revêtu leur déguisement respectif. S’en est suivi une remise des prix où chaque équipage s’est vu remettre une bouteille de Glenfiddich 15 ans d’âge personnalisée au nom du rallye et de l’équipage : une délicate attention.
Le jeudi était une journée libre. Bon prince, Thomas avait concocté trois programmes différents, à choisir en fonction de nos besoins ou envies. En l’occurrence, le choix consistait dans la visite de la ville d’Edimbourg, de profiter de l’hôtel et de ses installations ou encore de parcourir un joli roadbook qui nous menait à Edimbourg (notre option).
Nous avons ensuite repris le bateau à 17h30 pour nous ramener au Continent. Tout au long d’un délicieux repas pris dans un salon privatif, nous n’avons cessé d’évoquer ce merveilleux voyage qui, en toute sincérité, a dépassé mes meilleures attentes. Merci à tous, organisateurs comme participants de m’avoir donné de vivre ce moment exceptionnel de communion avec la nature… et ma Morgan !
Apres cette fabuleuse expérience, j’en conclus : vivement la prochaine édition.
